1
Enquête interne : Les comptes-rendus d'entretien doivent être signés
Dans cette affaire, une enquête interne avait été menée par un employeur et avait conduit au licenciement d’un salarié.
Ce salarié avait alors contesté son licenciement fondé sur cette enquête interne au motif que les comptes-rendus d’entretiens n’avaient pas été signés par les salariés auditionnés.
La Cour d’appel a donné raison au salarié en estimant que l’employeur ne produisait pas de preuves suffisantes car aucun des comptes rendus d'entretien n'était signé par le salarié auditionné et qu'aucune attestation émanant des salariés auditionnés n'était produite de sorte qu'aucun de ces salariés n'avait officiellement endossé la responsabilité des propos qui lui étaient attribués. La Cour de cassation valide cette argumentation en considérant que les griefs invoqués par l'employeur à l'appui du licenciement n'étaient pas établis par des éléments suffisamment probants et que le doute devait donc effectivement profiter au salarié.
Cass. soc., 12 mars 2025, n°23-18.111
|
|
2
Cinq jours ouvrables doivent séparer la première présentation de la convocation à l'entretien préalable du jour de l'entretien
Le vendredi 22 décembre 2017, un salarié avait reçu une lettre de convocation à un entretien préalable devant se tenir le vendredi 29 décembre 2017. Le salarié avait contesté son licenciement et la procédure de licenciement.
La cour d’appel avait débouté le salarié de sa demande au titre du non-respect de la procédure en soutenant que le délai de cinq jours entre la convocation à l’entretien et l’entretien lui-même avait été respecté, même si le salarié était allé chercher la lettre recommandée le 23 décembre 2017 et que les deux jours suivants n'étaient pas ouvrables s'agissant d'un dimanche et du jour de Noël, férié.
La Cour de cassation a cassé l’arrêt d’appel. En effet, cette dernière a rappelé que le délai de cinq jours ouvrables commence le lendemain de la présentation de la lettre recommandée. Or, comme en l’espèce, les deux jours suivants n’étaient pas ouvrables, l’entretien aurait dû avoir lieu a minima le 30 décembre 2017. La procédure de licenciement n’a donc pas été respectée.
|
|
|
3
Altercations en entreprise : l'employeur doit mettre en œuvre des actions d'information et de prévention
Deux altercations séparées de six mois avaient eu lieu entre un salarié et ses collègues. Le salarié avait été licencié par la suite pour faute grave en raison de sa participation à la création d’un environnement de travail délétère. Le salarié avait sollicité devant le juge le paiement de dommages-intérêts au titre d’un manquement de son employeur à son obligation de sécurité.
La cour d’appel avait estimé que le manquement à l’obligation de sécurité n’avait pas été caractérisé puisque le salarié n’avait pas précisé à quelle occasion l'employeur aurait dû engager des démarches pour protéger sa santé et qu’il n’avait pas pu prouver qu’il avait signalé la dégradation de ses conditions de travail ou de son état de santé à sa hiérarchie avant le 10 août, soit près d’un mois après la dernière altercation.
La Cour de cassation n’a pas adopté la même position que la cour d’appel. La Cour de cassation souligne que l’employeur n’avait mis en œuvre aucune action d’information et de prévention à la suite du signalement des deux altercations, si bien qu’il n’avait donc pas pris toutes les mesures de prévention liées à son obligation de sécurité.
Cass. soc., 26 mars 2025, n°21-13.081
|
|
|
4
Ne sont pas obtenus frauduleusement les courriels de boîtes professionnelles si un tiers y a accès
Dans cette affaire, un Directeur général avait été licencié pour faute grave. Pour contester son licenciement, ce dernier produisait des courriels entre le Président de la société et la Directrice des Ressources humaines.
Pour tenter de faire interdire la production de ces courriels, l’entreprise avait soutenu qu’ils avaient été obtenus frauduleusement par le Directeur général qui n’avait pas accès à une telle adresse électronique. Elle en concluait que le procédé d’obtention des documents litigieux portait atteinte à l’intimité de la vie privée.
La Cour de cassation a rejeté cet argument, estimant que les courriels étaient recevables car ces messages échangés entre boîtes professionnels ne portaient pas atteinte à l’intimité de la vie privée puisqu’ils avaient été écrits dans le milieu professionnel, mais aussi parce qu’il ne pouvait pas être démontré que le Directeur général avait piraté les messageries professionnelles pour les obtenir, étant précisé qu'il disposait d’un accès à cette messagerie.
Cass. soc., 26 mars 2025, n°23-23.625
|
|
|
5
La communication syndicale n'est pas subordonnée à une condition de représentativité
Un accord collectif avait permis aux organisations syndicales représentatives de pouvoir adresser, lors de chaque négociation, des courriels à l’ensemble des salariés d’un groupe dont les entités avaient été signataires de l’accord.
Une section syndicale non-représentative avait alors contesté la validité des dispositions conventionnelles devant le juge au motif qu’elles auraient privé les organisations syndicales non-représentatives d’une communication avec les salariés concernés.
La Cour d’appel avait alors considéré que la différence de traitement était justifiée puisque les organisations représentatives participent à la négociation des accords collectifs et qu’ainsi, elles devaient avoir la possibilité de communiquer directement avec les salariés.
La Cour de cassation a censuré la Cour d’appel en énonçant que la communication syndicale, qui n’est pas subordonnée à une condition de représentativité, devait être ouverte à toutes les organisations syndicales. En l’espèce, même les organisations syndicales non-représentatives auraient dû avoir la possibilité de communiquer selon les mêmes procédés que les organisations syndicales représentatives.
Cass. soc., 12 mars 2025, n°23-12.997
|
|
|
[Nos Expertises]
Axel Avocats mène l'enquête

Notre équipe intervient au sein des entreprises pour mener des enquêtes internes en cas de signalements de faits pouvant être assimilés à du harcèlement moral, sexuel ou discrimination notamment.
Apprenez-en plus sur cette expertise en lisant notre article dédié ici.
|
|
|
|
|