Publication datée du : 09/04/2025

La News RH #171

La news RH
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#171 — 9 avril 2025

1

Préparer le remplacement d’un salarié toujours en poste est possible

Un salarié avait appris au détour d’échanges de courriels que son employeur prévoyait son remplacement. Le salarié avait ensuite été licencié pour faute grave. Il avait alors contesté le bien-fondé de son licenciement, estimant avoir fait l'objet d'un licenciement verbal.
 
En appel, le salarié avait eu gain de cause au motif qu'une promesse d'embauche en vue de son remplacement était en cours de rédaction avant même son entretien préalable, ce qui représentait pour les juges la manifestation d'une décision irrévocable de rompre la relation de travail.
 
Pas pour la Cour de cassation, selon laquelle l’intention de l’employeur n'avait été exprimée ni publiquement ni auprès du salarié, de sorte que l’employeur conservait, selon elle, la faculté de ne pas procéder au licenciement et n'avait donc pas manifesté de manière irrévocable une volonté de mettre fin au contrat de travail.
 
Cass. soc., 26 mars 2025, n°23-23.625

2
Des constats d’audition anonymisés peuvent être recevables

Un salarié avait été licencié pour faute grave en raison d'un comportement agressif envers ses collègues. Pour justifier du bien-fondé du licenciement, l’employeur avait produit deux constats d'audition établis par voie d'huissier de justice.
 
La cour d'appel jugeait le licenciement sans cause réelle et sérieuse, au motif que les seuls éléments de preuve étant les constats d'audition dont l'identité des personnes ayant témoigné avait été anonymisée, l'employeur ne pouvait pas se fonder uniquement sur lesdits constats pour licencier le salarié.

Au contraire, la Cour de cassation a jugé qu'au regard des intérêts antinomiques en présence, à savoir d'un côté les droits de la défense du salarié licencié, l'égalité des armes et la contradiction, et d'un autre côté l'obligation légale de l'employeur de protéger la santé et la sécurité des salariés, la production de ces témoignages anonymisés, même non étayés par d'autres éléments, était indispensable à l'exercice du droit à la preuve de l'employeur.

Une autre cour d'appel devra rejuger l'affaire en tenant compte de ces constats d'audition. 
 
Cass. soc., 19 mars 2025, n°23-19.154

3
La mise en œuvre de la procédure de démission présumée d’un salarié protégé impose l’autorisation préalable de l’inspection du travail

Un employeur avait notifié à un salarié protégé sa mise à pied à titre conservatoire. La demande d'autorisation du licenciement ayant été rejetée par l'inspection du travail, la mise à pied prenait fin. Toutefois, le salarié n'avait pas réintégré son poste malgré l’envoi d’un courrier par son employeur lui demandant de reprendre le travail.
 
L’employeur décidait alors de mettre en œuvre la procédure de démission présumée à l'égard du salarié protégé. 
 
Si la Cour d’appel de Paris indique qu'effectivement il n'existe aucune précision dans le code du travail à ce sujet, elle juge que le statut protecteur doit s'appliquer lorsque ce n'est pas le salarié qui rompt unilatéralement le contrat. De ce fait, la présomption légale de démission, puisqu'elle fait intervenir l'employeur dans la rupture, ne dispense pas ce dernier de solliciter l'inspection du travail, au contraire d'une procédure de démission "classique".

CA Paris, 6 mars 2025 n°24/02319 

4

Le licenciement pour inaptitude d’un salarié ayant refusé un emploi conforme aux exigences légales est justifié

Un employeur avait proposé divers emplois à un salarié inapte, qui les avait tous refusés. L’employeur avait alors licencié le salarié pour inaptitude avec impossibilité de reclassement. 
 
En appel, le licenciement avait été jugé sans cause réelle et sérieuse, au motif que l'employeur avait échoué à justifier qu'aucun autre poste vacant disponible correspondant aux restrictions émises par le salarié n'était à pourvoir.
 
La Cour de cassation a cassé l’arrêt, en estimant que la cour d’appel aurait dû rechercher si l’un des emplois proposés était conforme aux exigences légales. Dans l'affirmative et conformément à sa jurisprudence désormais établie, le licenciement devait être considéré comme justifié, sauf à ce que le salarié puisse démontrer la déloyauté de l'employeur dans sa recherche de reclassement.
 
Cass. soc., 5 mars 2025, n°23-21.784

5
Harcèlement sexuel : les propos lancés à la cantonade peuvent caractériser un harcèlement environnemental ou d'ambiance

Un maître de conférences d’une université avait été condamné par le tribunal correctionnel à douze mois d'emprisonnement avec sursis ainsi qu'à trois ans d'interdiction d'exercer l'activité professionnelle d'enseignant pour des faits de harcèlement sexuel commis au préjudice de plusieurs étudiants. 

La cour d’appel avait relaxé le maître de conférences au motif que les étudiants n'avaient pas été visés directement par les propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste du prévenu, adressés "à la cantonade" lors de cours ou de séances de travaux dirigés.

La Cour de cassation a cassé l’arrêt d’appel, en soutenant que des propos à connotation sexuelle ou sexiste adressés à plusieurs personnes, ou de tels comportements adoptés devant plusieurs personnes, sont susceptibles d'être imposés à chacune d'entre elles. Le harcèlement environnemental ou d'ambiance pouvait ainsi être caractérisé.

Cass. crim., 12 mars 2025, n°24-81.644

[Visioconférence] 
Zoom sur l'actualité sociale 

Nous vous proposons de nous retrouver prochainement lors de notre visioconférence mensuelle, en partenariat avec la CCI Paris Ile-de-France, relative à l'actualité sociale.

La prochaine session est prévue le 15 mai 2025 à 10 heures. Pour vous inscrire, suivez le lien.

A noter que la présentation ne sera accessible qu'aux participants.

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