Publication datée du : 20/03/2025

La News RH #168

La news RH
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#168 — 20 mars 2025

1

Il n’est pas possible de reprocher à un salarié de prendre un congé sans solde si l’employeur ne lui a pas permis de prendre ses congés payés

Une salariée avait pris un congé sans solde à la suite de plusieurs demandes de congés payés restées sans réponse de la part de son employeur. L’employeur avait alors mis la salariée en demeure de reprendre ses fonctions, puis, faute de réponse, l’avait licenciée pour faute grave.
 
Devant la cour d’appel, la salariée avait soutenu que depuis son embauche, près de 3 ans auparavant, l’employeur ne lui avait jamais permis de bénéficier de ses congés payés et qu’elle avait donc été contrainte de prendre ce congé sans solde sans autorisation.
 
La Cour de cassation atténue le manquement de la salariée en jugeant que le fait que l’employeur ne lui ait jamais permis de partir en congés payés depuis son embauche pouvait expliquer la décision de la salariée.
 
Elle considère que la cour d’appel ne pouvait donc pas approuver le licenciement pour faute grave sans avoir au préalable examiné cet élément et une cour d’appel de renvoi devra donc se prononcer sur le bien-fondé, ou non, de ce licenciement en prenant en compte cette explication.

Cass. soc., 22 janvier 2025, n° 23-16.282

2 
Obligation de sécurité et licenciement pour faute grave

Un responsable d’agence avait été licencié pour faute grave en raison de ses pratiques managériales inappropriées et donc d’un manquement à son obligation légale de sécurité. Il avait saisi le conseil de prud’hommes pour contester son licenciement.
 
Pour la cour d’appel, le comportement était « maladroit et parfois empreint d'attitude colérique » mais ne caractérisait pas un non-respect de l’obligation de sécurité. Dans ces conditions, il ne pouvait pas être licencié en raison d’un manquement à son obligation de sécurité.
 
La Cour de cassation censure la décision de la cour d’appel, considérant au contraire que les pratiques managériales du responsable d’agence étaient de nature à constituer un manquement à son obligation en matière de sécurité et de santé à l'égard de ses subordonnés et à rendre impossible la poursuite du contrat de travail.
 
Cass. soc., 26 février 2025, n° 22-23.703

3
L'employeur qui a constamment adapté le poste du salarié a respecté son obligation d’adaptabilité

Un salarié, reconnu travailleur handicapé en 2010 à la suite d’une maladie évolutive réduisant son acuité visuelle, avait été licencié pour inaptitude et impossibilité de reclassement.

Il saisissait le conseil de prud’hommes d’une demande de dommages et intérêts pour discrimination à raison de son handicap excipant du manquement de l’employeur à son obligation d'adaptabilité.
 
La cour d’appel avait toutefois constaté que l'employeur avait constamment adapté le poste de travail du salarié en prenant compte les prescriptions du médecin du travail, lequel avait suivi la situation du salarié tous les deux mois en relation continue avec l’employeur. Ce suivi du médecin du travail avait donné lieu à des évolutions des missions et des tâches confiées au salarié.
 
En outre, l’employeur avait acheté les matériels adaptés à sa vision.
 
Pour la Cour de cassation comme pour la cour d’appel, le salarié ne présentait pas d'éléments de faits laissant supposer l'existence d'une discrimination à raison du handicap et l'employeur avait respecté son obligation d'adaptabilité.
 
Cass. soc., 8 janvier 2025, n° 23-15.410

4

L'annulation de l'élection d'un élu du sexe surreprésenté est impérative en cas de non-respect de la parité

Dans le cadre de l’élection du CSE, le syndicat CGT avait présenté une liste incomplète de 14 candidats pour le collège « employés ». Compte tenu de la proportion d’hommes et de femmes dans ce collège, une candidature masculine était en surnombre.

Le syndicat CFDT avait saisi le tribunal judiciaire pour demander l’annulation de l'élection du dernier élu CGT du sexe masculin.
 
Cette demande d’annulation avait été rejetée par le tribunal judiciaire qui avait considéré que l’irrégularité de la liste CGT n'affectait pas la validité de l'élection de l’élu en question puisque l’ensemble des candidats de la liste CGT n’avait pas été élu.
 
La Cour de cassation a cassé l’arrêt et jugé qu’en présence d'un candidat de sexe masculin en surnombre, le tribunal judiciaire devait annuler l'élection du dernier élu CGT de sexe masculin en suivant l'ordre inverse de la liste des candidats.

Cass. soc., 26 février 2025, n° 23-22.843

5

Restitution du matériel de l’entreprise

Un employeur avait demandé à un salarié licencié de lui restituer l'ensemble des documents et matériels lui appartenant, dont un téléphone portable, mais aussi la ligne téléphonique détenue par le salarié.

Le salarié ayant refusé de restituer la ligne téléphonique et la carte SIM portant son numéro, l’employeur a saisi le juge des référés qui a fait droit à sa demande (allant jusqu’à imposer une restitution dans un délai de huit jours).
  
Le salarié a contesté cette décision devant la Cour de cassation qui a cependant confirmé dans cet arrêt qu’une fois constaté le caractère professionnel d’une ligne téléphonique mise à disposition d’un salarié, ce dernier se devait de restituer ladite ligne à son employeur.
 
Cass. soc., 5 février 2025, n° 22-23.730

[Interview]
La surveillance des salariés par leur employeur via des logiciels spécialisés

Maître Anne Leleu-Eté, Associée, a été interviewée par Capital Magazine concernant la possibilité pour les employeurs de mettre en place des logiciels pour surveiller leurs salariés. 

Retrouvez l'interview ici.

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