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Obligation de reclassement en cas d’inaptitude et télétravail
Dans une affaire où une salariée avait été déclarée inapte par le médecin du travail, l’employeur avait conclu à l’impossibilité de mettre en place le télétravail, ce mode d’organisation n’étant, selon lui, pas compatible avec un emploi de vendeuse à distance qui impliquait la préparation de commandes depuis le lieu de travail.
En l'espèce, l'employeur s'était contenté de procéder par affirmation, sans produire de pièce de nature à justifier de l’impossibilité de mettre en place le télétravail : la Cour d’appel a jugé qu’il avait manqué à son obligation de reclassement de sorte que le licenciement devait être requalifié sans cause réelle et sérieuse.
CA Paris 18 mai 2022 n° 19/02933
Par ailleurs, les juges d'appel puis la Cour de cassation nous ont donné une nouvelle illustration de l'obligation de reclassement qui pèse sur l'employeur avec la possibilité, pour le médecin du travail, d'imposer un tel aménagement du travail, même en l'absence de télétravail dans l'entreprise.
La salariée (secrétaire médicale) contestait son licenciement au motif que son employeur ne lui avait proposé aucun poste de reclassement, alors même que le médecin du travail avait précisé qu'elle « pourrait occuper un poste administratif sans déplacement et à temps partiel (2 j/semaine) en télétravail avec aménagement du poste approprié ». De son côté, l’employeur avait considéré qu’il lui était impossible de proposer de poste de reclassement à la salariée dans la mesure où il n'existait aucun poste en télétravail au sein de l'entreprise et qu'une telle organisation était incompatible avec son activité (en raison notamment du secret médical). De ce fait, il avait licencié la salariée.
La Cour de cassation relevait toutefois que les missions de la salariée, non contestées par l'employeur, ne supposaient pas l'accès aux dossiers médicaux et étaient susceptibles d'être, pour l'essentiel, réalisées à domicile en télétravail et à temps partiel comme préconisé par le médecin du travail. Dès lors, l'employeur n'avait pas loyalement exécuté son obligation de reclassement.
Cass. soc 29 mars 2023, n° 21-15.472
De tels arrêts méritent toute notre attention compte tenu des difficultés déjà rencontrées par les employeurs dans le cadre de leurs recherches de postes de reclassement.
Nous vous invitons à lire notre interview, réalisée le 5 avril 2023 par le magazine Capital sur ce sujet, en cliquant ici.
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