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Inaptitude : deux décisions
Obligation de reclassement
Dans cette affaire, une société sollicitait l'autorisation de licencier un responsable de magasin ayant la qualité de salarié protégé, en raison d'une impossibilité de reclassement suite à une inaptitude d'origine professionnelle.
L'inspecteur du travail ainsi que le Ministre du travail ont refusé d'accorder cette autorisation de licenciement en raison du non-respect par la société de son obligation de recherche sérieuse de reclassement.
Ils relevaient notamment que l'employeur n'avait pas proposé tous les postes disponibles au sein de l'entreprise à titre de reclassement, ce dont ce dernier justifiait par le fait que les postes en question relevaient d'un statut cadre, catégorie à laquelle n'appartenait pas le salarié.
Le Conseil d'Etat vient toutefois préciser que l'obligation de l'employeur de proposer au salarié des postes équivalents aux fonctions exercées précédemment peut impliquer qu'il doive proposer des postes relevant d'une catégorie d'emploi supérieure à celle de l'intéressé.
La circonstance que les fiches de poste mentionnaient un statut de cadre alors que le salarié avait un statut d'agent de maîtrise ne suffisait pas pour retenir que ces emplois n'étaient pas équivalents à celui de responsable de magasin qu'il occupait.
Conseil d'Etat, 21 juillet 2023, n°457196
Délai de prescription de l'action en paiement de l'indemnité spéciale de licenciement
Dans cet arrêt, un salarié avait été licencié le 24 avril 2017 pour inaptitude et impossibilité de reclassement. Il demandait le paiement de l’indemnité spéciale de licenciement le 19 avril 2019, soit près de deux ans après les faits.
Devant la Chambre sociale, il soutenait notamment que le délai de prescription applicable à son affaire était de 10 ans, l’action ayant, selon lui, pour finalité de compenser le préjudice particulier découlant de l’inaptitude corporelle d’origine professionnelle.
La Cour de cassation n’est pas du même avis et considère que l’action en paiement de l’indemnité spéciale de licenciement est une action se rattachant à la rupture du contrat de travail. En conséquence, la Cour fait une stricte application de l’article L.1471-1 du Code du travail et retient que cette action se prescrit par 12 mois à compter de la notification de la rupture.
Cass. Soc., 21 juin 2023, n°22-10.539
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