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L'astreinte peut cacher un temps de travail effectif
Depuis quelques mois, la jurisprudence de la Cour de cassation est florissante en matière de temps de travail. Dans un nouvel arrêt, elle revient sur la nature des temps d'astreinte.
En l'espèce, un salarié dépanneur autoroutier devait se tenir prêt, avec l'un de ses collègues, à intervenir dans le cadre d’astreintes programmées par leur employeur, aux fins de respecter un engagement d’assurer un dépannage « 24h/24, 7 jours sur 7 » et 365 jours par an.
Dans ce contexte, il devait :
- Garder sur lui, en permanence, le téléphone professionnel ;
- Garer son véhicule de dépannage devant son domicile ;
- Intervenir en 30 minutes maximum à compter de l'appel.
Selon lui, ces temps devaient être requalifiés en temps de travail effectif. À ce titre, il réclamait un rappel d’heures supplémentaires et de repos compensateurs ainsi qu’une indemnité forfaitaire de travail dissimulé.
Pour permettre la résolution de ce différend, la Cour de cassation rappelle les conditions dans lesquelles l'astreinte doit être appréciée par les juges : il convient en effet de s'assurer que le délai d'intervention qui est imparti au salarié pour intervenir emporte pour le salarié, des contraintes d'une intensité telle qu'elles affectent, objectivement et très significativement, sa faculté de gérer librement, au cours de ces périodes, le temps pendant lequel ses services professionnels ne sont pas sollicités et de vaquer à des occupations personnelles.
L'affaire est renvoyée devant une cour d'appel de renvoi qui rejugera l'affaire, au regard de ces prescriptions.
Cass. soc. 21 juin 2023, n°20-21.843
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