Le périmètre du groupe est celui du jour du licenciement
Dans cette affaire, une salariée a été licenciée pour inaptitude et impossibilité de reclassement en février 2015. Elle a saisi les juges, estimant que l’employeur n’avait pas correctement rempli son obligation de reclassement car il n’avait pas étendu sa recherche à l’ensemble du groupe auquel l’entité appartenait depuis mai 2015.
Les juges d’appel ont déclaré le licenciement sans cause réelle et sérieuse.
La Cour de cassation invalide la décision des juges du fond et précise qu’en cas de litige sur le périmètre de reclassement, il faut prendre en compte celui connu, au plus tard, à la date de notification du licenciement.
Cass. soc. 14 décembre 2022, n° 21-18524
Rappel sur la dispense de reclassement en cas de mention expresse du médecin du travail
La Cour de cassation rappelle également que lorsque le médecin du travail mentionne expressément dans l’avis d’inaptitude que l’état de santé du salarié fait obstacle à tout reclassement dans l’emploi, l’employeur est alors dispensé de rechercher et de proposer au salarié un poste de reclassement.
Cass. soc. 8 février 2023, n° 21-19232
Inaptitude et télétravail : vigilance imposée en période de reclassement
Enfin, dans un dernier arrêt, la Cour de cassation se positionne sur l'obligation de reclassement via la mise en place du télétravail.
Dans cette affaire, une secrétaire médicale avait été licenciée pour inaptitude et impossibilité de reclassement.
Elle contestait son licenciement au motif que son employeur ne lui avait proposé aucun poste de reclassement, alors même que le médecin du travail avait précisé qu'elle « pourrait occuper un poste administratif sans déplacement et à temps partiel (2 j/semaine) en télétravail avec aménagement du poste approprié ». De son côté, l’employeur avait considéré qu’il lui était impossible de proposer de poste de reclassement à la salariée dans la mesure où il n'existait aucun poste en télétravail au sein de l'entreprise et où une telle organisation était incompatible avec son activité (en raison notamment du secret médical). De ce fait, il avait licencié la salariée.
La Cour de cassation relevait que les missions de la salariée, non contestées par l'employeur, ne supposaient pas l'accès aux dossiers médicaux et étaient susceptibles d'être, pour l'essentiel, réalisées à domicile en télétravail et à temps partiel comme préconisé par le médecin du travail. Dès lors, l'employeur n'avait pas loyalement exécuté son obligation de reclassement.
Un tel arrêt mérite toute notre attention compte tenu des difficultés déjà rencontrées par les employeurs dans le cadre de leurs recherches de postes de reclassement.
Cass. soc 29 mars 2023, n° 21-15.472