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Preuve de la faute d'un salarié : le témoignage anonyme est recevable
Dans cette affaire, un agent de fabrication avait été sanctionné par une mise à pied disciplinaire. Son employeur produisait l’attestation anonyme d’un autre salarié ainsi que le compte-rendu de son entretien avec un membre de l'équipe RH.
La question se posait de savoir si un employeur pouvait se fonder sur des témoignages anonymes pour sanctionner un salarié.
Les juges du fond avaient refusé de recevoir ces éléments de preuve considérant qu'ils n'avaient pas de valeur probante dès lors que le salarié ne pouvait pas se défendre (en contradiction donc avec le respect du principe du contradictoire).
La Cour de cassation casse cette décision. Elle rappelle tout d’abord le droit à un procès équitable et le principe de la liberté de la preuve en matière prud’homale. Elle rappelle aussi que le juge ne peut pas fonder sa décision uniquement ou de manière déterminante sur des témoignages anonymes.
Pour autant, elle précise que le juge peut prendre en considération des témoignages anonymisés de salariés, c'est-à-dire un témoignage rendu anonyme a posteriori afin de protéger son auteur mais dont l'identité est néanmoins connue par l'employeur, si ceux-ci sont corroborés par d'autres éléments permettant d'en analyser la crédibilité et la pertinence.
L’affaire sera de nouveau jugée par une autre cour d’appel.
Cass. soc. 19 avril 2023, n° 21-20.308
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