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Licenciement pour motif économique
Critères d'ordre des licenciements
Dans deux arrêts récents, la Cour de cassation donne une nouvelle illustration de l'application des critères d'ordre des licenciements.
Dans la première affaire, une salariée avait contesté son licenciement au motif que son employeur aurait fait une mauvaise application des critères d’ordre des licenciements. Elle lui reprochait d’avoir apprécié le critère des qualités professionnelles sur la seule base du diplôme ce qui l'avait pénalisée face à une autre salariée.
Pour la Cour de cassation, le critère du diplôme était insuffisant pour apprécier les qualités professionnelles des salariées dans la mesure où il n’était pas nécessairement révélateur des qualités professionnelles de ces dernières et ne permettait pas de déterminer, à expérience équivalente, laquelle des deux salariées était la plus apte à occuper le seul poste restant du service administratif.
Dans la seconde affaire, une salariée avait contesté la pondération du critère d'ordre des licenciements liée aux charges de famille en fonction de la tranche d’âge des enfants (l'employeur avait pondéré le critère en allouant 2 points par enfant de moins de 6 ans, 1 point par enfant de 7 à 12 ans et aucun point au-delà).
Pour les juges, l'employeur n'était pas parvenu, par cette distinction, à démontrer que cette pondération était pertinente et objectivement justifiée quant à la charge réelle des enfants eu égard à leur âge.
Cass. soc. 18 janvier 2023, n° 21-19.675
Cass. soc., 18 janvier 2023, n° 21-19.633
Faute de l'employeur
Dans cette affaire, un salarié contestait en justice son licenciement au motif que la liquidation judiciaire de la société était liée à des agissements fautifs de son employeur.
Pour la Cour de cassation, le salarié peut invoquer l'existence d'une faute de l'employeur à l'origine de la cessation d'activité, de nature à priver le licenciement de cause réelle et sérieuse. En revanche, cette faute doit être constatée et doit être à l’origine de la liquidation judiciaire de la société.
Dans cette affaire, les juges ont reconnu le caractère fautif des agissements de l’employeur. Pour autant, ils ont considéré que les éléments produits ne permettaient pas de considérer que ces agissements étaient à l'origine des difficultés économiques et de la liquidation judiciaire de la société dès lors que l’activité de cette société n’était pas viable (la dette était déjà importante avant les agissements de l'employeur et rien n'établissait qu'une poursuite d'activité aurait pu s'envisager si la cessation des paiements avait été déclarée plus tôt).
Dans ces conditions, le licenciement économique du salarié ne pouvait pas être remis en cause.
Cass. soc. 18 janvier 2023, n°21-21.495
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